Basile Niane

Wade, le mendiant…

Ce qui se passe au Sénégal est quand même hallucinant. La soif du pouvoir peut mener directement à une sénilité d’autant plus que la personne n’est qu’une machine. Le vieux président sortant Abdoulaye Wade (86 ans) ne veut pas quitter le succulent fauteuil Présidentiel. Il y règne sans partage depuis maintenant 12 ans. Aujourd’hui, se sentant menacer par son « fils » qui s’est battu contre lui au premier tour de la présidentielle, Wade veut l’éliminer sans condition au second tour. La méthode utilisée est celle des consignes de vote. Comme un petit mendiant, le président Wade, le plus diplômé des Africains de l’ouest, parcourt les villes religieuses à la quête de «ndiggël ». Sa première destination a été la ville sainte de Touba. Il est parti voir le Khalife Général des Mourides pour une soit disant visite de courtoisie. Etant un homme pieux, le Khalife n’a pas voulu se prononcer. Il fallait donc une autre alternative pour trouver des voix.

Cheikh Bethio Thioune donne une consigne de vote en faveur de Me Wade

Wade « njombor » ( le lièvre) s’est alors tourné vers le plus célèbre des guides religieux des (cantakun) Thiantacounes , Cheikh Bethio Thioune, un fervent disciple du défunt Khalife des Mourides. Cheikh Bethio Thioune est un guide religieux qui a beaucoup de pouvoir. (Il a plus de 12 millions de Talibés selon ses dires).Ainsi donc Wade lui a demandé de voter pour lui au second tour moyennant selon la presse nationale une forte somme d’argent « Le 22 février, la coalition Fal2012 aurait convoyé 2 milliards de francs CFA à Touba pour un éventuel soutien des chefs religieux. L’argent aurait été transporté par ambulance afin d’éviter tout soupçon. Et c’est un haut dignitaire mouride très influent qui est chargé de la distribution » avait rapporté la presse nationale.

Pourtant le guide religieux avait juré de ne plus voter pour Wade parce que ce dernier l’avait humilié devant Serigne Saliou. Il s’inscrit en faux contre ses propos selon lesquels c’était lui qui l’avait réélu en 2007 . Aujourd’hui la hache de guerre est enterrée Béthio Thioune donne une consigne de vote en faveur de Me Wade

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Wade supplie Kara pour une consigne de vote

La randonnée à la quête de consigne se poursuit. Wade est parti cette fois-ci quémander auprès d’un autre chef religieux «Je suis venu vers vous parce que je sais que vous avez du monde derrière vous. C’est pour vous demander de me soutenir au second tour de l’élection présidentielle.» Après moults échanges de civilités et de cajoleries intéressées, le candidat Abdoulaye Wade a avoué le réel motif de sa visite à Serigne Modou Kara Mbacké.

Le candidat des Fal2012 a supplié le guide religieux de donner un ndiguël (consigne de vote) en sa faveur à travers «une déclaration publique». Mais le chef religieux mouride l’a renvoyé à une date ultérieure. «Je sais ce que je dois dire le moment venu. Personne ne peut m’influencer à dire des choses. Ce que je dois faire, je le ferai», a-t-il répliqué à son hôte. (Source presse).Wade rentre bredouille tout en espérant que le guide religieux mènera sa mission.

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Les consignes de votes seront-elles le poids ?

Wade a vraiment la peur au ventre. Il a surement peur de perdre les élections au second tour. Mathématiquement parlant (même si la politique n’est pas mathématique), Wade ne peut pas gagner la présidentielle. Cependant, les consignes de votes peuvent être un bonus pour lui si l’on sait qu’au Sénégal, le Ndigueul rime avec obéissance. Je reste convaincu toutefois que les consignes de votes ne feront pas le poids. La population sénégalaise s’est métamorphosée entre temps. Il y a une certaine maturité qui s’est installée venant de cette nouvelle génération depuis les évènements du 23 juin. On peut certes accepter un Ndigeul mais le jour du vote, on sera seul devant l’isoloir pour choisir son candidat. Je suis d’avis avec le chanteur Youssou Ndour candidat recalé à la présidentielle qui disait ceci aux électeurs. « Si on vous donne de l’argent .Prenez.. »

Game is over

Macky Sall ancien premier ministre dans le gouvernement de Wade porte déjà le costume de président. Dans sa tête Wade est déjà battu puisque la quasi-totalité des candidats « malheureux » au premier tour de l’élection présidentielle du 26 février est derrière lui. Le fils est donc prêt à découdre avec le père. Pour Macky « C’est terminer, le peuple a tourné la page. Game is over ».

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Rencontre avec Carlos Bajo Erro : Un amoureux des réseaux sociaux

C’est sur Twitter que nous avons noué notre premier contact. Cet étudiant en journalisme et communication 2.0 a été séduit par la manière dont les blogueurs sénégalais ont utilisé les réseaux sociaux pour la couverture de la présidentielle. « Il fallait coûte que coûte discuter avec les blogueurs. J’ai été vraiment surpris par toutes ses initiatives des sénégalais sur la toile » explique Carlos Bajo Erro, le temps d’une rapide interview croisée, lors de notre rencontre dans un restaurant de Dakar.


Pour le peu de temps passé ensemble, Carlos me semble être quelqu’un de bien. De taille moyenne, avec sa petite barbe, il est très attentif quand il vous parle. Rien ne lui échappe. Il pose des questions et prend le temps d’écouter. Avec l’aide de son petit dictaphone il enregistre les réponses qui lui échappent.

Il se reconnait facilement à cause de son français « débrouillé » et de sa paire de lunettes. Il est originaire d’Espagne (Barcelone) son pays natal ou il a grandi.

Sa venue au Sénégal a une cause. « Je suis là pour préparer mon mémoire. Et je m’intéresse aux réseaux sociaux surtout twitter. » Dit-il. Notre pays lui est familier, c’est la 4e fois que Carlos foule le sol sénégalais. Agé de 33 ans, il ne fait pas partie de ceux qui croient sans avoir vu. Sa philosophie est de descendre sur le terrain et d’être en contact avec son monde. « J’ai voulu être en Afrique surtout au Sénégal. Car en Espagne et partout en Europe, les gens ont souvent une image très négative de l’Afrique. Il fallait que je me déplace pour constater de moi-même » explique celui qui a été impressionné par ce qu’il a vu en terre africaine avec un air souriant.

La culture et le développement sont ses principaux centres d’intérêt et à ses heures perdues : il se lance dans le social. Il compte rester quelques jours à Dakar avant de retourner en Espagne. Mais pour le moment, Carlos fouine encore son net sur les réseaux sociaux à la recherche de blogueurs.


Reportage: Radio France retrace le travail d’un blogueur sénégalais le jour du vote

L’élection présidentielle au Sénégal a connu une révolution. Les réseaux sociaux ont été utilisés a fond par les internautes. Mais , la nouveauté de cette présidentielle a été le travail extraordinaire des blogueurs. Un journaliste de Radio France a suivi durant toute la journée du 26 février dernier  le blogueur Basile Niane . Guillaume Battin a enregistré tous ses déplacements le jour du vote .  Retour sur une journée de travail très chargé d’un blogueur

Reportage: Radio France retrace le travail d’un blogueur sénégalais le jour du vote by basileniane


Amy Jeanne, une blogueuse à l’état pur

 

Elle fait partie des rares blogueuses présentes dans la blogosphère sénégalaise. Son fort, c’est Twitter. Pas de blogs, ni de sites internet. Agée de 22 ans, cette demoiselle aux dents blanches et au teint café au lait est étudiante en deuxième année de Marketing et Communication à l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar.
Elle a été impressionnée par la rapidité et le partage instantané des informations sur le réseau social. « Des amis me parlaient souvent de twitter. Au début je ne savais pas exactement à quoi cela servait. Mais depuis que j’ai commencé à twitter, j’y ai pris goût », avoue-t-elle. Depuis lors, le virus du blogging l’a contaminé. Sur Twitter , elle dévoile ses envies, partage ses informations et n’hésite pas à vous dire la vérité en face. « Issue d’un pays SOUS développé avec un cœur SUR développé. vivre ma vie et pas la rêver. Comme leitmotiv, musique, cinéma, culture et politique comme centres d’intérêt », peut-on lire sur son profil.
L’amour de la culture

Elle n’a pas eu tort, car la politique est aussi une passion. Mais ce qu’elle aime le plus c’est la culture. « Quand j’étais toute petite, je voulais être ministre de la Communication pour changer ce secteur », se souvient celle qui est divisée par l’amour d’un pays maternel, le Sénégal et les iles du Cap-Vert, d’où sont originaires ses parents. Elle a une double nationalité. Lui demander quel pays elle préfère, c’est la mettre dans l’embarras du choix. Finalement la réponse est simple « Je dirais 50/50, j’aime les deux pays ». dit-elle
« Sur le terrain je suis toujours la seule fille »

Son téléphone toujours en main, Amy Jeanne participe de manière engagée et citoyenne à la couverture de la présidentielle sur Twitter. Depuis le début des manifestations, elle informe son petit réseau sur la toile. Sa particularité est qu’elle est tout le temps sur le terrain. « Je suis toujours la seule fille et je m’en réjouis », soutient-elle toute souriante. Blessée lors des manifestations contre la candidature de Wade, Amy Jeanne se veut une blogueuse à l’état pur.
Comme une actrice dans un théâtre du défunt Ousmane Sembene (son idole) , Aamyjane tente de se ressourcer avec une collection de documentaires de l’auteur. Son rêve a évolué aujourd’hui. De la culture, Amy Jeanne est passée a une autre étape plus décisive. Elle ne souhaite qu’une chose, le départ de Wade. « Je ne veux plus de Wade comme président, car il est temps qu’il parte. Si cela se réalise pendant cette élection ce serait mon plus grand rêve », s’empresse-t-elle de dire.

 


You, ou l’effet papillon

Lol, Mdr, Pdr..Quel mot utilisé pour qualifier ce feuilleton médiatique ? Encore une fois, la presse internationale vient de se gourer sur la réalité de nos élections au Sénégal. Il suffit que le leader de Fekke Ma ci Boolé éternue pour qu’elle tousse. Youssou Ndour s’est blessé à la jambe chaude…et l’info fait le tour du monde. Les médias internationaux en ont fait leur choux gras.. J’ai éclaté de rire quand j’ai su que même France info, sans oublier TV5, avait diffusé l’information en insistant sur la formule « le principal opposant du candidat Wade ». Retenez-moi, sinon… les mots « classés » vont tomber.

Presse internationale !!! De grâce, épargnez nous de vos infos, pardon, de vos faits divers futiles. L’opposition sénégalaise ne se réduit pas uniquement sur un seul homme, mais elle regroupe sur l’ensemble des forces vives d’un peuple qui a soif du départ de Wade, trop vieux pour diriger le pays. Dont votre Homme (puisque c’est lui qui vous intéresse ! ). D’ailleurs, Youssou Ndour n’a pas reçu de projectile. C’est juste un petit hématome au niveau du tibia de sa jambe gauche. ’J’ai tellement banalisé l’acte au point de ne pas donner l’information. Savez-vous pourquoi ? Parce qu’à côté de cet homme de dimension internationale, se trouvait un autre homme (candidat à l’élection présidentielle) qui a été torturé, malmené par les forces de l’ordre et trainé par terre comme un mouton de pâturage. C’est ce genre d’acte de torture, de vandalisme qui mérite d’être mentionné et diffusé partout dans le monde. Chaque jour des leaders du M23 se rendent à la place de l’indépendance pour dire non à la candidature du président Wade. Certains, comme je viens de le dire, sont battus, malmenés et, le lendemain, ils reviennent à la charge. Et pourtant les messages de ces leaders passent souvent inaperçus auprès de nos confrères de l’étranger pris englués dans la star système.

Par contre une blessure insignifiante du chanteur Youssou Ndour fait le tour du monde. Cela prouve qu’en réalité, la presse internationale se leurre sur le sens et les perspectives de la présidentielle. Elle se focalise trop sur des futilités sans entrer sur le sens et le vif du sujet, en l’occurrence la présidentielle. Ce qui devait intéresser la presse étrangère, c’est ce policier qui pointe son arme sur un manifestant, insouciant de son combat. Ce qui devait intéresser la presse internationale, c’est la mort de ce jeune manifestant. La blessure de Youssou Ndour ne représente rien par rapport aux morts enregistrés lors de ses émeutes.